La Sophrologie
Sophrologie et Relaxation
Relaxation dynamique ! Tel est le nom donné par Caycedo à la méthode d'évolution personnelle qu'il a créée.
Les gens mal informés, ou qui n'ont pas vraiment compris ce qu'est la Sophrologie,
assimilent volontiers à tort, cette méthode à une relaxation d'un type un peu
particulier. Cet aspect original tiendrait au fait que le sophrologue, une fois l'état de
relaxation obtenu, se servirait de la baisse de la vigilance liée à cet état.
On sait en effet que celle-ci induit une plus grande suggestibilité. Il suffit alors de
se servir de la facilité donnée par cette dernière pour proposer à la personne
relaxée, des "visualisations positives" ; ce sont des images mentales,
agréables ou de réussite, qui viendraient ainsi enrichir le bien-être déjà donné par
la relaxation.
Ceci tient à une mauvaise compréhension du sens du mot "relaxation", tel qu'il est entendu en Sophrologie, lorsque nous parlons de Relaxation Dynamique, pour désigner la principale méthode utilisée par les Sophrologues.
En français, le mot a en effet plusieurs significations, tant dans le langage courant que dans le langage spécialisé.
Ce mot vient du latin "relaxatio" ; il signifie dans son sens premier "libération", comme lorsque nous parlons de "relaxer" un prisonnier. Il s'agit alors, non de le détendre, mais de le libérer de ses entraves !
Le mot a été ensuite transposé dans le langage anglo-saxon ; il a alors été utilisé par Jacobson et Schültz, pour qualifier leur méthode respective.
Mais une confusion s'est peu à peu installée. On a assimilé "l'action de se
libérer" avec certains de ses effets les plus apparents. Il est vrai en effet, que
lorsqu'on est libre, sans contrainte ou préoccupation véritable, cela se traduit par une
détente musculaire et une tension mentale moins importante qui peut être agréable à
vivre. Mais l'inverse n'est pas forcément vrai !
Toute détente musculaire ou baisse de la vigilance n'est pas nécessairement associée à
une libération.
Ainsi, lorsque nous sommes sous l'effet de certains conditionnements ; ceux-ci peuvent
nous libérer momentanément l'esprit, mais en fait, nous sommes prisonniers de certaines
"mauvaises habitudes".
De même certaines drogues peuvent abaisser le tonus musculaire et la vigilance. C'est le
cas chez l'éthylique ; il peut, pendant un moment, lorsqu'il est sous l'emprise de
l'alcool, se sentir libéré de certaines inhibitions ; il est en réalité l'esclave de
sa toxicomanie.
La mise dans un caisson d'isolation sensorielle, provoque une désorientation spatiale
et temporelle ; celle-ci s'accompagne d'une détente musculaire et d'une baisse de la
vigilance. Des produits anesthésiques, induisent également une baisse de la vigilance
qui va jusqu'au sommeil profond ; des drogues telles que le curare, permettent en outre
d'obtenir un état de grande détente musculaire.
Mais dès que le sujet est sorti de son caisson, ou que l'opéré a éliminé les
substances injectées, l'un et l'autre se réorientent dans l'espace et le temps ; ils
récupérent leur état antérieur ; ils retrouvent leurs préoccupations et les
contraintes physiques, sociales, professionnelles, qui étaient les leurs, et qui
limitaient leur liberté. La baisse du tonus musculaire et de la vigilance, ne les en a
pas pour autant libérés !
Dès lors, les méthodes sophrologiques doivent être bien distinguées des trés
nombreuses méthodes qui se sont multipliées sous le nom de "relaxations".
L'objectif de celles-ci est le plus souvent d'obtenir un état profond de détente
musculaire et une baisse importante de la vigilance. Toutes sortes de procédés variés,
sont utilisés à cette fin. Citons parmi les plus courants, la vision de certaines
couleurs, l'audition de musiques douces, le bio-feed back, la privation sensorielle en
caisson, les massages. Ces procédés, s'ils sont utilisés dans un climat de confiance,
peuvent être efficaces par rapport à l'objectif qui est le leur.
Parfois on voit aussi utiliser des pratiques, qui ont pour objet de modifier le monde de
représentations mentales ; ce sont des procédés de suggestion ou d'autosuggestion, plus
ou moins inspirée du "Schültz".
On voit aussi pratiquer des méthodes de conditionnement mental par des représentations
mentales d'images censées être agréables au sujet. Appelées, comme nous l'avons
indiqué plus haut "visualisations positives", elles reposent sur de vieilles
croyances issues de la pensée magique ; selon celles-ci, lorsqu'on imagine très fort
quelque chose, cela va se produire ou avoir les mêmes effets que si on l'avait vécu dans
le réel.
Ces derniers types de procédés, enclenchent des processus proches de ceux de l'hypnose.
Ils ne sont d'ailleurs pas sans danger, mais n'ont rien à voir avec les méthodes
sophrologiques
Celles-ci mettent en jeu des processus de transformation qui sont tout autres.
Elles ont en outre des objectifs trés différents. Elles ont en effet pour objets :
De nous aider à échapper à l'emprise que font peser sur nous des préjugés, qui nous limitent dans nos manières d'aborder notre existence.
De nous permettre de sortir un peu de la pensée purement rationnelle et ainsi d'être présent au monde et aux autres, en tant qu'êtres incarnés et sensibles.
De nous libérer des conditionnements et des habitudes pas toujours bienvenues, et qui se sont instaurés en fonction des avatars de notre existence et des aléas de nos rencontres.
De découvrir une autre manière d'exister ; une manière où nous pouvons nous éprouver en tant qu'être vivant et capable de trouver un sens à nos actions passées, à nos actions présentes et à nos perspectives d'action, c'est à dire à la totalité de notre existence, de nous vivre en tant qu'être libre et responsable.
Bien entendu, cela n'exclut pas le fait que, lors de l'entraînement par ces méthodes, nous puissions jouir d'une détente physique et mentale. Mais ce n'est là qu'un bénéfice secondaire, et non essentiel, de leur utilisation.
D'ailleurs, la Sophrologie, n'a pas inventé de méthode particulière de relaxation au sens de "détente". Et la méthode se pratique soit debout, soit assis, mais avec une posture qui implique un tonus musculaire suffisant pour que le corps reste bien présent en permanence à la conscience. C'est même là, une des grandes lois qui doit présider à tout travail sophrologique !
Si le mot "relaxation" devait être pris au sens d'une détente musculaire et
mentale profonde, il y aurait d'ailleurs un paradoxe à qualifier celle-ci de
"dynamique".
Ce dernier qualificatif, indique que dans cette méthode, la libération, se fait par des
praxis, des actions.
Ce sont des actes, à la fois physiques et psychiques, de celui qui pratique, qui sont à
l'origine de cette libération ; ce sont eux qui permettent à chacun de découvrir et
vivre une autre forme d'existence ; ce sont eux qui permettent à chacun de donner un sens
à ses actions passées, présentes et advenir, c'est-à-dire à la Totalité de son
existence. Car ce sont les actes qui donnent sens !
En fait, il faut voir dans ce nom, donné à la principale méthode sophrologique, une référence symbolique au "mythe de la Caverne" de Platon ; une allusion à l'Homme qui en s'y entraînant, peut se libérer de ses chaînes et sortir de l'obscurité de la caverne et de la seule connaissance des ombres; une marche vers la lumière c'est-à-dire la connaissance de soi