La Sophrologie Place de la Sophrologie Caycédienne au sein des Sciences Humaines
La Révolution Galiléenne Caycédo et la Sophrologie
Les Sciences humaines peuvent être considérées comme un corps de connaissances constitué des réponses que l'Homme a tenté d'apporter aux interrogations que depuis toujours il s'est posé sur lui-même. Dites au départ "philosophiques", ces réflexions acquièrent le statut de "Sciences" au fur et à mesure que des lois générales peuvent être élaborées, et des méthodes d'investigation précisées. Pour mieux situer la place originale et désormais incontournable de la Sophrologie caycédienne en leur sein, rappelons les quelques étapes marquantes de cette évolution. Depuis l'Antiquité, et probablement depuis toujours, trois grands types d'interrogations ont constitué la base des réflexions et des recherches. 1°) La première est celle de l'ontologie ; (de
ontos = être - logos = étude). 2°) La deuxième question que s'est toujours
posée l'Homme, est celle de ses origines et de sa destinée. 3°) La troisième enfin est celle de la validité
de la connaissance. De nombreux penseurs se sont au fil des siècles penchés plus particulièrement sur cette troisième question. Ils s'inspirent de la réflexion de tel ou tel de leurs prédécesseurs et l'approfondissent. Ils constituent ainsi au fil des siècles divers courants de pensées, dont l'ensemble constitue ce que l'on a pris l'habitude d'appeler la "Philosophie de la Connaissance". Essayons d'observer l'évolution de cette Philosophie de la connaissance, en nous attardant sur les étapes qui ont été les plus marquantes de son histoire, celles qui ont joué un rôle prépondérant dans cette évolution : la révolution galiléenne, la pensée cartésienne, et enfin les approches phénoménologique et sophrologique Galilée peut être considéré comme le fondateur de la physique scientifique qui met fin aux mythes cosmogoniques (1) de l'Antiquité et du début du Moyen-Age. Il fut condamné à être brûlé vif en 1633 par l'Inquisition, pour avoir affirmé que la terre était ronde et tournait autour du soleil. Il allait être à l'origine de la profonde mutation du savoir qui allait s'opérer à partir de cette époque. Il imagine une science de la nature, où celle-ci serait envisagée comme les figures idéales de la géométrie euclidienne (2) . Celle-ci en effet, à partir de figures-limites, crée un champ clos d'abstractions sur lesquelles porte le raisonnement. Par exemple : le cercle est une figure idéale définie comme l'ensemble des points équidistants d'un point appelé centre. Cette définition est valable, et je vais pouvoir en étudier les propriétés, quel que soit le cercle. Qu'il soit grand ou petit, que je l'ai dessiné avec une circonférence fine ou plus épaisse, ou même si tel que je l'ai dessiné au tableau, il est plutôt ovale, cela n'a aucune importance, parce que je n'étudie pas la figure qui est réellement au tableau. Celle-ci n'est plus qu'une représentation symbolique du cercle en tant qu'idéalité. Mais peu à peu, au fur et à mesure que se développent les opérations idéalisantes, et que s'élabore une axiomatique, ces abstractions sont portées à l'extrême. Avec notamment l'algèbre et l'évolution vers la Mathémathis universelle, peu à peu sont oubliés les objets perçus qui constituent la réalité de l'environnement de la vie humaine qui en était l'origine. Ces illusions subjectives idéalisantes, qui n'ont plus guère à voir avec la réalité sensible, la remplacent peu à peu. "La vraie réalité" devient mathématique. Il ne s'agit pas là de nier l'aspect génial de la démarche galiléenne, permettant de surmonter l'obstacle que la qualité sensible opposait à la mesure et au calcul. Chacun peut apprécier et bénéficier des progrès qu'elle a permis. Galilée lui-même ne pouvait à son époque apprécier les conséquences de cette révolution. Il s'agit encore moins de discuter les méthodes utilisées par les scientifiques. Mais il faut simplement remarquer que, dans cette démarche, la réalité vivante de la vie sensible, est peu à peu oubliée. De l'hypothèse à la vérification du résultat, n'émerge plus aucune réflexion radicale sur la nature du sensible. La manière que chacun de nous, en tant que vivant, a tout naturellement d'appréhender son existence, est ignorée. La vie concrète du vivant est éliminée de la démarche de cette science, dite maintenant "objective". La Méthode sceptique Cartésienne C'est en 1637 que René Descartes publie son "Discours de la Méthode". Dans cet ouvrage, ce grand philosophe et mathématicien français (3), dévoile sa méthode du doute systématique, mise au point pour tenter de répondre à la question que pose la Philosophie de la Connaissance ("Comment puis-je m'assurer que la connaissance que j'ai du monde correspond à la réalité de ce monde ?"). Cette méthode consiste à mettre systématiquement en doute la réalité de toute chose, qui n'est peut-être qu'une apparence, afin de remonter à la Vérité première et indubitable (apodictique comme disent les philosophes), c'est-à-dire dont la non réalité serait une absurdité. Cette recherche de la Vérité Absolue, cette mise en doute systématique de l'existence de tout ce qui se montre, en fonction de la croyance ou foi naturelle, comme ayant une existence en soi, comme étant "déjà là", nous conduit à envisager le monde comme n'ayant pas d'existence réelle, mais seulement une existence "idéale" (4). Et puis, comme tous les philosophes, à côté de la philosophie de la connaissance, Descartes, toujours à la recherche de la vérité première, indubitable, à partir de laquelle par déduction, il pourrait asseoir toutes les autres, ne peut pas ne pas se poser la question de l'ontologie. Et si l'on continue la méthode du doute systématique, jusqu'à la question de l'être, se pose la question de la réalité de l'Etre, la question de savoir ce qui me prouve que je suis ? Jusqu'au jour où il croit avoir trouvé la réponse, résumée dans le célèbre "je pense donc je suis". La connaissance véritable n'est finalement que la connaissance de ces actes qu'accomplit le "sujet en pensant le monde". Etre, c'est accomplir cet acte du cogito, c'est-à-dire ces actes en l'absence desquels aucune conscience n'existe. En effet si je ne pense pas, si je ne me souviens de rien, je n'imagine rien, je ne perçois aucunes sensations sensitives ou sensorielles, je n'éprouve aucuns sentiments, on dit que j'ai perdu conscience. Ainsi, pour ce qui va devenir la "Philosophie transcendantale", le monde tient son existence du sujet qui, en pensant le monde, le transcende et lui donne existence. Et l'existence de tel ou tel sujet pensant le monde, dépend elle-même du Principe premier, créateur de toute existence, donc de celle de tout sujet pensant le Monde. C'est pourquoi cette philosophie, en raison de la place tenue par le sujet pensant le Monde, s'appellera aussi "Subjectivisme transcendantal". Ce courant subjectiviste, cette philosophie transcendantale, allait d'ailleurs avoir une conséquence importante, le "Psychologisme transcendantal" : Puisque la subjectivité du sujet pensant le monde consiste en l'accomplissement de ces différents actes qui donnent existence à ce dernier, elle doit bien pour accomplir ceux-ci, le faire au moyen d'un quelconque instrument. Cet instrument, on l'appellera l'appareil psychique ou psyché. Et la psychologie va devenir la science qui étudie le fonctionnement de cet appareil psychique. Freud peut alors créer sa psychodynamique. Il propose des "topiques", c'est-à-dire invente différents modèles explicatifs des processus de fonctionnement de cet appareil psychique invisible. En même temps, il met au point les modalités de la cure psychanalytique. Ainsi, après Galilée et Descartes, l'évolution des idées sur ce qu'est une connaissance, aboutit à différentes oppositions, sur le triple plan, philosophique, scientifique, et politico-religieux. Sur le plan philosophique, le courant subjectiviste sort renforcé. Sa conception s'oppose diamétralement à la vision dite "objectiviste" du courant matérialiste et positiviste. Ce dernier, dit aussi "courant scientiste", voit lui, au contraire, le monde des objets, comme une réalité en soi, indépendante des sujets (les choses sont ce qu'elles sont, et ne peuvent pas être autrement). Sur le plan scientifique, les connaissances sont scindées en deux grandes catégories : Les sciences expérimentales, dont les connaissances tirent leur
véracité du contrôle de l'expérience et qui sont dites pour cela sciences à
posteriori. Les sciences "idéales" dont les connaissances sont
dites "aprioriques". En effet, elles s'obtiennent par des qualités de l'esprit
qui précèdent toute expérience, tels que la recherche de causalité, le principe de
déductibilité, la pensée rationnelle. La raison va alors pouvoir se développer considérablement dans toute l'Europe, mais surtout en France, tout au long de ce que l'on appellera le "siècle des Lumières". Ce culte de la rationalité atteindra son apogée lors de la Révolution Française. Avec le soutien, si ce n'est sur l'initiative de Robespierre et de Saint-Just, celle-ci dressera des autels à la Raison, pour remplacer les autels catholiques, tandis que les prières autrefois adressées au Dieu des chrétiens iront plutôt à la déesse "Vertu". ï Sur le plan politico-religieux, le courant spiritualiste, à la recherche d'un idéal d'Absolu, d'un principe causal constituant l'origine de toute chose, c'est-à-dire d'un principe "Créateur", s'oppose au courant matérialiste et athée. Husserl, mathématicien d'origine et philosophe allait, en créant l'École phénoménologique, permettre de dépasser ces oppositions. En effet, de son maître Weierstrass, il a hérité d'un grand intérêt pour le problème du fondement des mathématiques, et en particulier pour le concept de nombre. Weierstrass voyait dans le nombre, le résultat d'une opération mentale, l'acte de numération produit par l'esprit. Mais remarqua Husserl, "ce que crée cette activité de l'esprit ne sont pas des contenus que nous pourrions retrouver quelque part, dans l'espace ou le monde extérieur ; ce sont proprement des concepts de relations qui ne peuvent jamais qu'être produits, mais d'aucune façon trouvés quelque part tous faits" et par conséquent "l'élaboration du concept de nombre, comme d'ailleurs des mathématiques relève de la Philosophie". A partir de là, on va bien distinguer en psychologie, ce que Brentano appelait la Psychologie dite "génétique" de la Psychologie descriptive : La psychologie dite "génétique" est une étude de la conscience, à la fois inductive et explicative. Dans cette catégorie rentrent la "psychologie traditionnelle" d'aujourd'hui et la psychanalyse. Elles sont dites : Inductives, parce que l'induction est une opération qui permet de passer du particulier à l'universel, c'est-à-dire des faits aux lois. Cette attitude implique que le fait observé est exemplaire d'un fonctionnement tenu pour constant, ce qui pose la question de son fondement, puisque les faits observés sont toujours particuliers et en nombres limités alors que la loi est universelle ; Explicative, c'est-à-dire qui tente d'expliquer l'origine de telle ou telle représentation symbolique ou contenu de conscience.
Par exemple : Les "topiques freudiennes" sont des modèles explicatifs du fonctionnement psychique. La psychologie descriptive, celle qui intéresse Husserl, décrit les différentes opérations de l'esprit ; elle deviendra plus tard la Logique. Husserl cherchera et trouvera la méthode sans doute la plus adaptée à ces "Recherches Logiques", qu'il fera connaître dans un livre paru en 1905, et qui marque véritablement la naissance de ce que l'on appellera "l'école Phénoménologique". Dans cet ouvrage, Husserl pose en effet le problème de la Philosophie de la connaissance, en termes différents de ce qui avait été fait jusque là. Il le pose en mathématicien : "Quelles sont les conditions nécessaires et suffisantes pour que quelque chose comme la vérité apparaisse ?" Le problème n'est donc plus comme chez Descartes de trouver une vérité indubitable, à partir de laquelle, par déduction certaine, il serait possible d'asseoir toutes les autres, de savoir si tel ou tel objet correspond bien à une réalité ou à une apparence, si telle ou telle pensée est exacte ou non, ou si telle ou telle représentation est valable ou pas.
Il s'agit là d'une conversion du regard qui consiste à détourner son attention de l'objet perçu pour s'intéresser aux conditions nécessaires pour qu'un objet de perception se donne à la conscience, les conditions nécessaires pour que quelque chose comme une pensée apparaisse, pour qu'une image se dévoile à notre regard mental. Ce sont tous ces thèmes qui vont bientôt faire l'objet de toutes les recherches et vont constituer les objets d'investigation de l'école phénoménologique que l'on appelle désormais "phénomènes", et que l'on essaie maintenant de voir, décrire, revoir. A ce qu'on appelait la "Philosophie transcendantale", va maintenant succéder la "Phénoménologie transcendantale". Cette mise entre parenthèses, l'observation et la description de cet "apparaître", et la manière dont il se constitue, Husserl l'appellera "Epoché" ; et cette réduction de l'investigation aux phénomènes, va maintenant être connue sous le nom de "Réduction phénoménologique". On voit donc que la Phénoménologie s'intéresse aux actes constitutifs de la conscience de toute chose, actes sans lesquels la conscience n'existerait pas, c'est-à-dire à l'Essence de la Conscience.
"Mais cette attitude phénoménologique est une orientation de pensée, écrit Husserl, contraire à nos habitudes les mieux ancrées..., d'où le pendhant presque indéracinable, à retomber constamment de l'attitude de pensée phénoménologique dans l'attitude simplement objective".
Le retour à la "chose même" doit donc être le souci constant du phénoménologue, disait Husserl. Mais ce qui est désigné ainsi n'est nullement un objet ou un fait de la nature vers lequel nous avons toute naturellement l'habitude de nous tourner (conscience naturelle), mais ce qu'il appelait les "objets intentionnels", c'est-à-dire justement ce qui ne peut être saisi ou vu comme un objet de la nature, parce qu'appartenant à l'invisible ; à savoir ces actes de conscience, que l'on peut saisir par une attitude réflexive (le mot doit ici être entendu au sens étymologique de "retour en arrière"). Il s'agit d'une "conversion du regard" qui amène la conscience à se focaliser a posteriori sur ces actes de conscience. Autrement dit, il faut maintenant distinguer le cogitatum (vécu) de son acte constitutif (intentionnalité). Husserl, avec sa méthode de la réduction phénoménologique, va ainsi ouvrir tout un champ de recherche. Les différents phénomènes vont faire l'objet de multiples descriptions. Un de ses disciples s'attachera à décrire "l'apparaître" d'un objet de perception (phénomène de présentation). Tel autre de ses élèves s'intéressera à "l'apparaître" d'une image mentale (phénomène de présentification ou de représentation). D'autres auteurs enfin se spécialiseront dans la description de "l'apparaître" d'une pensée (phénomène de cognition), ou d'un sentiment, etc... Bientôt c'est tout l'ensemble des phénomènes constitutifs de la vie de la conscience, mais d'une conscience vue désormais comme "Présence-au-monde", qui feront l'objet de nouvelles recherches LA PHENOMENOLOGIE EXISTENTIALISTE ET L'EXISTENTIALISME Certains des élèves de Husserl, notamment Heidegger, vont bientôt s'intéresser au phénomène de l'existence. Leur intérêt ne se porte cependant pas sur l'existence au sens de "existentia", c'est-à-dire ce temps de notre vie qui va de la naissance à la mort, mais sur l'existence au sens de "exsistere", c'est-à-dire au Phénomène de l'existence. Autrement dit, il s'agit des actes par lesquels quelque chose comme une existence peut se montrer, que l'on appelle des "existentiaux", et qui vont à leur tour faire l'objet de descriptions. L'ensemble de celles-ci constitue ce que l'on désigne sous le nom de "Phénoménologie existentiale" ou "existentialisme". Cependant la pensée phénoménologique va se développer de préférence dans le champ spéculatif et idéaliste. Les conceptions existentialistes vont cependant bientôt s'orienter vers le négatif, la description du phénomène de l'angoisse, le drame de l'Etre humain, "toujours d'ores et déjà jeté dans une existence" (5), et marchant inéluctablement vers sa fin. C'est alors qu'un psychiatre de l'École phénoménologique existentielle, Alfonso Caycedo, va orienter la pensée phénoménologique vers une nouvelle dimension, la dimension positive de l'Etre. Il crée une école pragmatique et vivantielle, la Sophrologie. Celle-ci apporte à la pratique des sciences de la santé et des sciences humaines, une nouvelle méthodologie et une nouvelle épistémologie. Inspirées des conceptions phénoménologiques existentielles, ces dernières permettent la découverte et la mobilisation des structures positives de la conscience et de l'existence humaine. CAYCEDO ET LA SOPHROLOGIE: Le titre même de cet article oblige à définir quelques concepts en rapport avec la Sophrologie et son créateur, le Professeur A. Caycedo. En effet, de nombreuses pratiques faussement appelées "Sophrologie", vulgarisent et banalisent cette nouvelle science. La Sophrologie a été créée en 1960 à Madrid, par la neuropsychiatre espagnol, originaire de Colombie, le Professeur Alfonso Caycedo. Elle naît dans le contexte historique de l'après-guerre civile espagnole, et en milieu hospitalier. Plus précisément, c'est dans le Service de Neuropsychiatrie dirigé par le Professeur Lopez Ibor à l'ancien hôpital "Santa Isabel" de Madrid, qu'a lieu cette naissance. Cet hôpital est devenu aujourd'hui le "Musée Reine Sofia" d'Art moderne. Caycedo a inventé le nom de "Sophrologie", à partir des racines grecques "SOS, harmonie, PHREN, esprit, LOGOS, étude. Avec ce nom, il fonde une école scientifique pour l'étude de la conscience, inspirée de la Phénoménologie husserlienne. C'est dans le cadre de la psychiatrie d'alors qu'il pose les bases de l'épistémologie, de la méthodologie, et de la terminologie de la nouvelle École. De la Psychiatrie, il élargira lui-même plus tard les marges de la Sophrologie aux sciences de la santé, aux sciences humaines et aux sciences sociales. Sa spécialisation en neuropsychiatrie avec Lopez Ibor, orientera Caycedo vers l'École Phénoménologique Existentielle. Il pourra ainsi aller en Suisse, travailler en tant que psychiatre stagiaire, avec le grand psychiatre Ludwig Binswanger, reconnu comme un des fondateurs de la psychiatrie phénoménologique existentielle, dans son Sanatorium de Kreuzlingen. Binswanger était un ami personnel et le disciple de Martin Heidegger, lui-même élève d'Edmund Husserl. Il initie le jeune psychiatre espagnol à l'art difficile d'appliquer les concepts phénoménologiques à la psychiatrie. Caycedo est considéré comme le dernier disciple qui travaillera avec Binswanger ; il en recevra les enseignements personnels jusqu'à son voyage en Orient. Au cours d'une de ses entrevues avec Binswanger, Caycedo lui fit part de son intention de "démocratiser" la Phénoménologie et de la porter, au moyen de la Sophrologie, sur un terrain opérationnel, tant dans les sciences de la santé que dans les sciences humaines. Le Maître lui souhaita alors bonne chance et l'avertit que le chemin sera long et difficile. Aujourd'hui nous pouvons dire que si Husserl, en créant la méthodologie de la réduction phénoménologique, nous a ouvert le chemin de la découverte de la conscience, Caycedo, en concevant la méthodologie sophrologique, nous a appris à la conquérir et aussi à découvrir, comme nous le verrons plus loin, les valeurs de l'existence. Par le Dr. Michel GUERRY
Sophrologie Caycédienne - Prévention Actuellement, nous constatons que l'on demande toujours plus aux élèves des différentes classes de nos écoles. Ainsi au jardin d'enfants est-on quasi forcé d'apprendre les premières bribes de lecture et d'écriture à nos chères têtes blondes, alors que dans un passé pas si lointain, le jardin d'enfants était là simplement pour faire connaître à l'enfant un autre environnement que celui de la maison. Ces exigences imposées très tôt à l'enfant - n'en déplaise aux grands consommateurs de savoir - le perturbent et le placent très (trop) souvent dans un état de stress. Cet état le déstabilise, et l'enfant va chercher à l'évacuer de lui ; pour cela, la méthode la plus simple et la plus rapide est la violence, qu'elle soit verbale ou physique. C'est ce qu'ont constaté deux enseignantes d'une classe comptant 16 élèves de 7 ans dans un petit village jurassien de Suisse en 1996. Ces deux maîtresses, bien que pratiquant l'enseignement depuis plus de 20 ans avec une grande conscience professionnelle, n'étaient plus en mesure de contrer les débordements agressifs de leurs élèves. Après plusieurs tentatives et plusieurs méthodes d'enseignement utilisées, elles ont fait appel à un sophrologue pour voir s'il était éventuellement possible d'améliorer quelque chose, grâce à l'apport de certaines méthodes sophrologiques. Avec l'accord préalable des parents, du directeur de l'établissement et de la commission d'école, un programme de 6 séances de 1 heure chacune a pu être mis en place. VOICI DONC QUELQUES LIGNES SUR CETTE EXPERIENCE Participants : 12 enfants de 7 ans. OBJECTIFS: Retrouver le respect de l'autre Canaliser d'une façon positive l'énergie de la classe et celle des élèves "violents" pprendre à se concentrer et à rester calme quand il le faut S'amuser ensemble. Ayant déjà une certaine habitude des séances de sophrologie avec des enfants de tous âges, et faisant totalement confiance aux enfants ainsi qu'aux méthodes sophrologiques, j'avais décidé de commencer chaque séance en faisant un cercle où chacun pouvait "se" dire, expliquer comment il se sentait, comment la semaine s'était passée. Puis, durant une quinzaine de minutes, beaucoup de vie, de dynamisme, de ludique, intégrés dans les méthodes sophrologiques : ceci pour permettre de faire prendre conscience aux enfants de leur corps, de leur manière d'évoluer dans un groupe et dans un espace donné, d'apprendre à bien respirer dans des situations différentes, de savoir se détendre et de prêter attention aux autres. Ensuite, choix d'un thème que j'expliquais tout d'abord brièvement, que j'illustrais d'un conte, puis que nous mettions en pratique avec les méthodes sophrologiques, par exemple : Avant la fin de la séance, nous reformions notre cercle pour donner la parole à ceux qui la désiraient et pour montrer aux enfants que l'on peut se retrouver "au centre" avant d'entreprendre autre chose. Lorsque je suis arrivé dans cette classe, j'ai été effectivement frappé par la "vivacité" de certains élèves : bousculades incessantes pour être à côté de tel copain, petit coup de pied par derrière, tirer la langue, moquerie quand quelqu'un disait quelque chose, bref la panoplie parfaite... d'enfants en pleine forme et en bonne santé ! Pourtant, très vite, ils ont compris qu'on pouvait faire autrement, sans rien perdre de ce que l'on est : ce n'est pas parce que je peux rester calme un moment que les autres ne vont pas m'aimer !!! Et je peux dire qu'à la troisième séance de sophrologie, j'ai pu constater un changement magnifique : tout à coup, les élèves ont commencé à s'écouter les uns les autres, à s'accepter, à se respecter et à participer à ces séances avec toujours plus de plaisir. Et dès le moment où l'enfant sait se respecter, il respecte l'autre et la vie devient plus facile... A la fin du programme de sophrologie dans cette classe, nous avons fait un bilan avec les parents et les maîtresses : tout le monde a marqué sa satisfaction en demandant même un prolongement à cette première expérience. Mais ce qui me réjouit le plus, c'est que les enseignantes de cette classe ont obtenu un résultat inattendu : en fin d'année scolaire, les trois classes de même niveau ont subi un examen des connaissances acquises durant l'année. Notons que ces tests demandaient une grande concentration, puisqu'ils comportaient des exercices où les élèves devaient sans cesse modifier leur manière de répondre aux questions posées. Et c'est la classe "sophro" qui a largement obtenu les résultats les meilleurs
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