DIETETIQUE
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Avant
propos
L'obésité
Ce qui est VRAI :
Un adulte sur 5, en France, est en surpoids.
Aux États-Unis, le surpoids concerne un adulte sur 3. La surcharge pondérale
est devenue un problème préoccupant pour le monde occidental dans son ensemble.
Le surpoids est un facteur de risque du point de vue de la santé. Ou du moins, une
surcharge en graisses au niveau de l'abdomen (obésité dite androïde car plus fréquente
chez les hommes, ou en pomme) est néfaste de ce point de vue. Mais un excès de graisses
au niveau des cuisses et des fesses (obésité dite gynoïde ou en poire, plus fréquente
chez les femmes) ne semble pas avoir le même retentissement. L'obésité dite androïde
favorise les troubles cardio-vasculaires et l'hypertension artérielle, le diabète ainsi
que, peut-être, les cancers du sein, de la prostate et du côlon. Ce type d'obésité
diminue l'espérance de vie. De plus, la personne en surcharge pondérale souffre le plus
souvent d'inconfort physique, ainsi que de problèmes articulaires.
Le surpoids est un facteur de rejet social : les gros sont considérés comme laids
et peu attirants, comme des personnes manquant de volonté, avides de relations et
envahissantes. Ils sont clairement pénalisés à la fois dans leur vie professionnelle et
dans leur vie privée.
Ce qui est FAUX :
Quand on est en surpoids, on doit impérativement maigrir.
-- Les personnes ayant un surpoids modéré (c'est-à-dire un Indice de
masse corporel, ou IMC, en anglais BMI, inférieur ou égal à 27 kg/m2) peuvent certes
estimer que leur corps ne respecte pas les canons de la mode de notre époque, mais leur
surpoids modeste n'a pas de conséquence néfaste sur leur état de santé. Une obésité
moyenne (IMC supérieur à 27,8 pour un homme et 27,9 pour une femme) peut avoir des
conséquences sur la santé et la longévité, mais ce sont surtout les personnes ayant
une obésité dite massive (IMC à partir de 31,1 pour un homme et 32,3 pour une femme)
qui souffrent de leur obésité sur le plan biologique. Pour ces dernières, devenir un
"obèse moyen", c'est-à-dire un individu un peu enveloppé (sans devenir mince
pour autant) améliorera considérablement leur état de santé.
Avant de chercher à maigrir, il faut savoir que perdre du poids durablement est
une entreprise difficile : si 75 % des personnes qui font des régimes maigrissent
effectivement dans un premier temps, seulement 5 à 15% des personnes ne reprennent pas le
poids perdu (évalué sur une durée de 5 ans).
Les régimes amaigrissants font généralement dans bien des cas, sur le long
terme, PRENDRE du poids dans la mesure où ils sont habituellement suivis d'un rebond
pondéral plus ou moins important selon l'intensité de la restriction calorique.
La restriction que les personnes en surpoids s'imposent pour maigrir, non seulement
ne les font pas maigrir, mais favorisent fréquemment l'apparition de troubles du
comportement alimentaire, de baisse de l'estime de soi, de dépression, voire de troubles
de la personnalité.
Génétique
: tendance ou fatalité ?
Ce qui est VRAI :
Certaines obésités sont fortement influencées par la génétique.
Un enfant dont les deux parents sont obèses a un risque d'obésité trois fois
supérieur à celui d'un enfant ayant deux parents minces. Lorsqu'un seul des parents est
obèse, l'enfant a 40 % de chances de le devenir et si les deux parents le sont, le risque
est alors de 80 % ! Il chute à 10 % si les deux parents sont minces.
Cette prédisposition héréditaire à l'obésité se traduit par une augmentation
du rendement métabolique : lorganisme parvient à fabriquer de la graisse avec un
minimum de nourriture, puis économise ces réserves, ne les utilisant quavec
parcimonie. Il est probable que cette caractéristique génétique a représenté un
avantage pour ses aïeux : les faibles consommateurs de nourriture, ceux à qui un rien
profite, devaient vraisemblablement mieux survivre en période de famine que les individus
gaspilleurs de calories. Mais en période d'abondance, ce rendement métabolique
performant aboutit à un stockage excessif de graisses de réserve.
Pour en savoir plus sur l'état des recherches en génétique de l'obésité: leptine
et gène (ob), gène UCP2, neuropeptide Y, mélanocortine et gène Agouti.
Ce qui est FAUX :
Si on est porteur d'une hérédité défavorable, mincir et rester mince sont impossibles.
Être génétiquement prédisposé à prendre du poids ne signifie pas qu'on ne
peut pas être mince et le rester, mais que cela demandera qu'on porte une attention
particulière à sa façon de s'alimenter, à ses dépenses énergétiques, à toutes les
situations qui pourraient conduire à manger plus que nécessaire.
Les gènes s'expriment avant tout quand ils interagissent avec
l'environnement. Ainsi, par exemple, dans des conditions de sédentarité et de
suralimentation, des individus génétiquement prédisposés développeront un surpoids.
Entre des individus prédisposés et des individus qui ne le sont pas, l'environnement est
le même (sédentarité et suralimentation), les gènes sont différents mais c'est
l'interaction gène-environnement qui va produire des effets différents sur des individus
génétiquement différents. Si on ne peut agir sur ses gènes, on a par contre toute
latitude pour agir sur son environnement (lutte contre la sédentarité,
alimentation
)
Un
environnement qui pousse à manger en excès
Ce qui est VRAI :
Il est facile de devenir gros dans une société pléthorique, où de nombreuses
nourritures appétissantes sont aisément disponibles.
Un environnement riche en nourritures toutes aussi délicieuses les unes que les
autres procure de multiples tentations. Nombre d'entre nous se comportent en nouveaux
riches qui, après avoir manqué, veulent "tout, tout de suite".
Une société qui privilégie les aspects quantitatifs au détriment de la
qualité, qui considère que plus est forcément mieux, crée un état d'esprit favorable
à la surconsommation.
Ce qui est FAUX :
Pour ne pas céder à la tentation, le plus simple est de ne plus toucher du tout à
certains aliments décidément « trop bons ».
Certains tentent de faire comme si leurs aliments préférés
avaient cessé d'exister, comme s'ils étaient un poison pur et simple. Si les gâteaux
nexistent pas ou sont du poison, on cesse den avoir envie.
Une telle stratégie s'effondre dès lors qu'on consomme une bouchée des aliments
dont on nie l'existence. On en mange alors tant et plus.
Manger
pour masquer ses difficultés psychologiques et relationnelles
Ce qui est VRAI :
On peut manger en excès en raison de difficultés psychologiques et émotionnelles.
Les problèmes psychologiques et relationnels peuvent entraîner des
modifications quantitatives et qualitatives dans la façon de manger, et ceci parfois à
l'insu même de la personne qui peut ne pas avoir conscience de ce changement.
On mange aussi en excès pour s'anesthésier, étouffer des pensées, des
émotions, des sentiments douloureux. Certains se plaignent d'une sensation douloureuse de
vide intérieur, tandis que d'autres (ou les mêmes) parlent plutôt de trop-plein. Manger
devient alors un moyen de ne pas penser, de masquer les problèmes.
Manger procure un plaisir facile et immédiat, qui permet de combattre tout à la
fois le vide interne, une insatisfaction globale, l'anxiété, un état de dépression.
Manger représente aussi une manière de dissimuler son agressivité sa violence.
Des expressions comme " je laurais bouffé " ou "jai ravalé ma
haine " illustrent bien le passage dans le corps démotions inexprimables.
Les problèmes psychologiques et relationnels que l'on se masquait en mangeant sont
plus que jamais présents du fait qu'on ne recourt plus à ce système de défense.
Être mince, c'est être au pied du mur : on n'a plus d'excuse pour ne pas séduire
et avoir une vie affective plus riche, réussir sur tous les plans.
Ce qui est FAUX :
Une psychothérapie approfondie et de longue durée est absolument nécessaire pour
parvenir à maigrir durablement.
L'aide psychologique doit être adaptée au niveau des difficultés
rencontrées. Il peut s'agir d'un soutien psychologique, d'une thérapie cognitive et
comportementale de moyenne durée, d'une psychothérapie faisant référence à la
psychanalyse, aux thérapies projectives, à d'autres écoles de pensée.
Certes, presque toujours, maigrir durablement est difficile et nécessite une
remise en question qui déborde le champ alimentaire, mais vu sous cet angle, c'est aussi
une aventure qui peut enrichir la vie.
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